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vendredi 27 août 2010

Je n'ai plus que des sensations (2)

Lionel Bourg
Carnet de route (2)

Après les premières pages du Carnet de route de Lionel Bourg publiées ici en juillet, voici un nouvel envoi depuis la résidence itinérante qu'accomplit l'auteur sur les pas de Jean-Jacques Rousseau.       

     Pilat
     Rude chaleur, ce 9 juillet qui me voit à La Jasserie, marcheur fatigué prêt à boire des litres d’eau fraîche aux sources du Gier captées en contrebas.
     Je suis arrivé par le sentier qui, du Crêt de Botte, oblique sur la droite, traversant un bois de hêtres dont les plus torturés tendent au promeneur mains et moignons tout en bruissant au moindre souffle agitant l’atmosphère. Une côte. Des pierres qui roulent sous les pas. La lande et, dans la pliure des monts faisant cercle, la Grange où Jean-Jacques ne dormit que d’un oeil sur la paille grouillante de vermine.
     J’ai de nouveau quinze ans. Ou douze. Ou vingt.
     Les miens sont là. Maman, papa. Ma compagne. Nos filles.
     Nous avons cueilli des brassées de jonquilles. Des bleuets. Des digitales. Des pensées, certaines pâles, certaines sombres. Des myosotis et, ma mère en parait sa chevelure, des centaurées, du séneçon, les heures, les saisons mêlées dans ma mémoire sous ce même ciel qui s’obscurcit lentement, puis se crible d’étoiles.
     Rousseau n’eut pas ce bonheur.

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vendredi 23 juillet 2010

Je n’ai plus que des sensations

Lionel Bourg
Carnet de route

En résidence itinérante sur les pas de Jean-Jacques Rousseau, Lionel Bourg nous livre, après Jean-Jacques..., quelques pages de son Carnet de route. D'autres suivront, au rythme de l'aventure.

Mon âme morte à tous les grands mouvements ne
peut plus s’affecter que par des objets sensibles ; je n’ai
plus que des sensations, et ce n’est plus que par elles que
la peine ou le plaisir peuvent m’atteindre ici-bas.

Jean-Jacques Rousseau
(Rêveries, Septième promenade)

   Pilat
  Les martinets et les quelques hirondelles qui girent au-dessus de moi, ce soir, me conduisent incidemment et comme au fil du rasoir très affûté de leurs ailes à Jean-Jacques, lequel hébergeait des oiseaux, les accueillant avec l’humilité bienveillante d’un frère.
  Il fait beau.
  Les derniers jours de juin, qui m’apaisent, se dépouillent des pluies envahissantes des semaines antérieures.
  Je vais d’un bon pas.
  M’étends un instant sur l’herbe du talus bordant le chemin qu’emprunta Rousseau, non loin de Condrieu.
  Le Pilat me domine. M’attire ou, c’est ravissement neuf toujours depuis bien des années, aimante la limaille de mes plus anciens songes.
   L’air est pur. Plus transparent que de coutume.
   Je n’en contemple qu’avec davantage d’avidité les sommets tout là-haut, bleuâtres, violacés à cette heure matinale, scrutant la masse indistincte parfois et presque vaporeuse des versants scarifiés de pierraille.
   Crêt de la Chèvre. Crêt de la Perdrix.
   Sept, huit heures de marche.
   Avant, ce sera le beau village de la Chapelle-Villars, ses maisons groupées autour de l’église sur cette sorte de gradin, de plateau incliné que protègent des froids les monts Monnet et Ministre. La Croix de Montvieux ensuite. Le col de Pavezin. Doizieu enfin, par où l’on accède au Crêt de l’Œillon et à la lande mourant près des pâturages de la Jasserie, où Jean-Jacques ne trouva guère le sommeil.

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jeudi 15 juillet 2010

Jean-Jacques...

Lionel Bourg
texte prononcé à l'Espace Malraux, Chambéry, 28 juin 2010
lors de la rencontre organisée par la Région Rhône-Alpes
pour la préparation du tricentenaire

  Je ne puis guère parler de Jean-Jacques Rousseau - Jean-Jacques... ce sera Jean-Jacques, puisque dédoublement il y eut, séparant l'homme de l'auteur ou du personnage public, lesquels ne firent pourtant bien qu'un, les Dialogues, et leurs ambiguïtés, leurs contradictions ne les opposant jamais qu'afin de mieux les réunir -, non, je ne puis guère évoquer ce drôle de paroissien sans me figurer à grands traits les dehors, le caractère, l'allure même, humble, extravagante, l'humeur de chien, la gentillesse comme la proximité çà et là conflictuelle d'un véritable compagnon.
  Un oncle.
  Un cousin plus âgé. Mieux, un camarade, le mot serait-il maculé des boues où tant des nôtres, qui pensaient faire ou redresser l'Histoire, si souvent pataugèrent.                                      

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vendredi 09 juillet 2010

Mettre mes pas dans ceux de Rousseau

À l’automne dernier, l’écrivain Lionel Bourg a bénéficié d’une bourse d’écriture de la Région Rhône-Alpes pour une résidence itinérante dans le cadre de la commémoration du tricentenaire de Jean-Jacques Rousseau. Aujourd’hui, ayant « mis ses pas dans ceux de Jean-Jacques », il dit tout naturellement : « je vis avec Rousseau depuis 7 ou 8 mois » et nous dévoile les prémices de son travail. Après un vaste travail de documentation (relecture de Rousseau, lecture d’essais et d’analyses autour de son œuvre, « une bibliographie affolante ! »), il a abordé la construction du plan de la publication à venir. Une publication qu’il souhaite vivante, poétique et rousseauiste, tout en restant personnelle, et qui doit transmettre « la modernité de Rousseau, en rappelant à quel point il est d’une actualité saisissante, tant d’un point de vue littéraire que politique. »

Puis Lionel Bourg s’est attaché à l’élaboration de son programme de résidences prévues pour septembre. De courts séjours dans les endroits sensibles, là où Rousseau est passé, là où il a vécu. Des endroits parfois très familiers pour Lionel Bourg, recoupant sa propre biographie. Durant  ce pèlerinage, il respectera la chronologie et le trajet de « Jean-Jacques », mais fera une étape supplémentaire à Bourg-Saint-Andéol. Car  Rousseau, de retour de Montpellier, aurait dû s’y rendre pour retrouver madame de Larnage... Lionel Bourg imagine déjà cette étape « rêvée ».

Fabienne Hyvert

 

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